J'aurais voulu encore te dire ...
...
Excuse-moi d'avoir failli à ma promesse.
Tu m'avais demandé de la foutre dehors si elle osait se présenter devant ton cercueil.
Et je ne l'ai pas fait.
Je t'ai dit à l'instant précis où je l'ai vue entrer, effondrée, en larmes .... "Excuse-moi, mais je sais que tu comprends pourquoi je ne bouge pas".
Nous avions respecté ton souhait de ne pas la prévenir.
Ton autre fille en a décidé autrement.
Elle l'a retrouvée après 12 ans ... et elle est venue mouiller ton cercueil de ses larmes amères. Sans un regard pour ses enfants qu'elle n'a plus vus depuis 10 ans.
Je n'ai rien dit pour rester digne et marquer notre différence dans la grandeur. Je n'ai rien dit parce que maman n'aurait pas voulu. De toutes façons, "ta famille" faisait bloc autour d'elle et on les a entendu dire "on va la protéger, pour pas que Muriel s'en mêle..."
Je suis fière de moi. J'ai réussi à fermer ma gueule.
Même quand mon coeur a failli sortir de ma poitrine quand ta soeur a dit à ta fille, en lui faisant caresser le cercueil "ton papa t'a pardonnée"... NON, tu ne lui auras jamais pardonné tant de méchanceté gratuite... Elle t'avait quand même écrit que "vous pouviez crever toi, maman et le petit"... Tu avais dit "jamais je ne pardonnerai ça, jamais"... Tout ça parce que tu avais osé lui dire (après l'avoir dépannée pendant 6 mois : bouffe, argent, chauffage, loyer, etc... ) que tu n'y arriverais pas tout le temps, que tu avais aussi ta vie...
FAMILLE DE MALADES.
Fière aussi d'avoir permis à maman de te lancer la première rose, d'avoir pris la deuxième et de l'avoir donnée à ta première fille pour TE montrer une fois encore que je t'aimais.... Fière d'avoir laissé passé ta fille et ton fils avant moi ... fière d'avoir pu les suivre, et ne pas lui permettre à elle, d'être la quatrième.
De petites fiertés qui me permettent de me dire qu'entre toi et moi, tout aura toujours été dit, fait, clair.
Je t'ai remercié lundi soir pour tout ce que tu as fait pour moi, et mes enfants. Je t'ai promis de veiller sur maman et le petit. Je t'ai embrassé et tu t'es éteint, la main de maman sur ton coeur le lendemain matin.
Il va nous falloir apprendre à vivre avec ton absence physique.
Je suis en paix, je ne t'en veux plus.
Mais j'en veux toujours à l'alcool... terriblement.
Et ce blog restera ouvert ...
Au cas où, par miracle ... il pourrait aider quelqu'un ...